Igor Dieryck

Un « affond », ou « ad fundum » en néerlandais, désigne l’action de boire un verre de bière d’une seule traite. Ad Fundum est également le nom de la collection conçue par Igor Dieryck où il explore et critique les coutumes et traditions liées au bizutage. S’inspirant du riche patrimoine culturel de son pays natal tout en intégrant les évolutions politiques et géopolitiques de nos sociétés, il réinterprète le rôle de l’uniforme au sein du folklore belge. Il s’agit, dans cette collection, d’une analyse de la culture du « baptême » estudiantin, toujours très pratiqué dans les milieux universitaires wallons et flammands, et des excès qui en découlent. Chaque année, la société belge est secouée par des affaires impliquant des comportements abusifs ou humiliants, qui peuvent avoir des conséquences graves pour les victimes. Ces excès sont parfois tolérés sous le prétexte de tradition. Quelles sont les limites à fixer entre la préservation du folklore profondément enraciné dans la culture et la nécessité de garantir un environnement respectueux et sécurisé malgré l’ivresse qui entoure cette période de la vie des étudiants ?
Igor Dieryck combine dans cette collection des vêtements de soirée élégants, faisant écho à l’uniforme classique de l’étudiant « baptisé », et des tenues plus décontractées, inspirées des « lendemains difficiles » de gueule de bois.
L’essence même de la collection puise son inspiration dans les vêtements associés aux pratiques de bizutage. Elle prolonge la réflexion du designer sur le rôle de l’uniforme, amorcée dans sa précédente collection Yessir. Quel message envoie-t-il ? Existe-t-il un moyen de s’approprier cet uniforme, afin de reprendre le pouvoir sur son rôle dans la société ? Ad Fundum, qui signifie littéralement « au fond » en latin, c’est le contraste entre la calotte (couvre-chef emblématique des étudiants), le costume trois pièces strict (porté lors de différentes cérémonies formelles) et un sweat-shirt issu de la garde-robe streetwear et reflet de la réalité vestimentaire de ces jeunes.
Igor Dieryck
Collection réalisée en collaboration avec Métiers d’Art Lesage et Ateliers de Verneuil

Collaboration avec Lesage
Pour sublimer sa collection, Igor Dieryck a fait appel aux ateliers Lesage, connus pour leur maîtrise de la broderie haute couture. Ensemble ils ont créé un motif complexe où les perles jaune et orange, rehaussées de touches blanches, semblent abstraites au premier regard, mais révèlent une symbolique forte : celle de la bière, ce liquide emblématique de la culture étudiante. Il voulait faire de la bière, et c’est ce qu’il a fait, avec de la mousse et des perles imitant des gouttelettes de condensation sur le verre. Ce choix illustre non seulement la place centrale de la bière dans la vie étudiante belge, mais également l’idée de sublimer un objet du quotidien tout en désacralisant le travail de la haute couture. C’est un pied de nez au système traditionnel de la mode où l’excellence de la couture est généralement réservée à des pièces d’exception. L’objectif était de redonner vie à un vêtement ayant appartenu à un étudiant : un sweat à capuche vintage, usé, acheté pour seulement 15 euros. Ce contraste, entre l’ordinaire et le sublime, a été l’un des moteurs de la collaboration. Cette collection, qui traite de la culture et de l’humour belge, allie le trivial à l’excellence, le banal devient couture grâce au savoir-faire d’exception des ateliers Lesage.

Collaboration avec les Ateliers de Verneuil
Igor Dieryck s’est associé aux Ateliers de Verneuil-en-Halatte pour créer une pièce emblématique qui incarne à la fois l’artisanat de haute qualité et un hommage à la culture belge : un cabas en cuir inspiré par la forme iconique du casier de bière. Reprenant des proportions identiques à celle du casier, cette collection de sacs à main en cuir fait écho aux ready-mades du surréalisme belge, où les objets du quotidien sont détournés de leur fonction initiale pour devenir des œuvres d’art. Ce cabas en cuir transcende sa nature fonctionnelle en reprenant la forme et les éléments caractéristiques du casier de bière, objet banal de la vie courante, et en intégrant des éléments métalliques qui rappellent les contours caractéristiques de cet objet familier. Le choix des poignées est particulièrement symbolique, puisque celles-ci sont similaires à l’original, consolidant cette réflexion sur la transformation de l’objet utilitaire en un objet de luxe. La complexité de ce cabas réside dans la simplicité apparente de son design. Son minimalisme extérieur cache une structure complexe où le cuir oscille entre rigidité et souplesse. Ce juste équilibre confère au cabas une forme à la fois stable et souple. Il se décline en différents formats et coloris. Certaines teintes de cuir choisies font écho aux couleurs iconiques du drapeau belge. Prêt pour la guindaille !

You are using an outdated browser.
Please upgrade your browser to improve your experience.