Anaïs Fernon

Anaïs Fernon - © Villa Noailles Hyères
France

À la fraîcheur de la situation

Ce matin de juin, au deuxième étage de l’ancien Évêché de Toulon, la petite pièce du fond, orientée plein Est, est frappée par le soleil méditerranéen. L’atmosphère sera bientôt brûlante. Dans l’alignement du couloir et de l’étroite rue Garibaldi, un léger courant d’air la traverse.
Tout se joue à l’interface, la fenêtre. Le populaire rideau de perles provençal est ici réinventé. Deux couches de rideaux se succèdent. Le premier, une moustiquaire pare-feu, est paré de pampilles d’aluminium miroir. Il renvoie les rayons directs vers l’extérieur et arrête tout nuisible. Le deuxième, formé de cordons de lin et de barrettes de terre cuite chaulées, est gorgé d’eau par goutte-à-goutte. L’air traversant se rafraîchit en douce brise au contact de l’eau. Sur les murs, le dégradé d’ocres donne à voir l’air chaud montant, et invite à se tenir près du sol en faïence émaillée. Il est agréable de se retrouver au coin de cette âtre d’eau. L’écoute du cliquetis de l’air et du clapotis de l’eau alimente l’idée de fraîcheur.
Sans aucun doute, nous savons où nous sommes. Un intérieur situé. À l’opposé des pièces hermétiques conditionnées, la fenêtre est grande ouverte, les sensations connectées au site, matières et couleurs renvoient au territoire varois. Le décor n’est pas couches de fiction, mais épaisseurs qui amplifient la perception du réel. Loin de la narration d’un ailleurs meilleur, il est temps de rafraichir le déjà-là.

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