Gabriel Hafner
Vers une architecture faible
Que ce soit à l’aide de nos mains ou plus récemment à l’aide d’extensions, nous façonnons nos objets à notre image et à celle de nos représentations. Par réciprocité, les objets nous répondent, nous renvoient à nous-mêmes, à nos idées et à nos comportements. Je voudrais ici défendre l’idée qu’un objet – au-delà de sa fonctionnalité – est un langage et un support de communication.
Au moyen de papier et de cire d’abeille, j’ai fabriqué un mur qui s’apparente à un paravent, ou un paravent qui s’apparente à un mur, pour faire l’éloge du délicat, du fragile. Je trouve qu’il y a quelque chose de juste et de charmant dans l’appréciation des choses fragiles. Les temps de la performance, de l’éternel et du progrès sont des idées qui s’effriteront. Dans notre présent multipolaire, elles laisseront gentiment place au temps du faible. Par faible, je n’entends pas un temps fébrile, instable, mais plutôt flexible, léger, adaptable.
Le mur de briques que j’ai construit ne sauvera pas le monde, mais il peut en proposer un autre. Un monde post-industriel, qui apprécie les objets délicats et l’architecture faible. Un monde post-productiviste où nous construisons de nos mains, avec des matériaux organiques et non nocifs. Mon mur ne pourra probablement pas porter un grand toit, mais par sa légèreté, nous pourrons toujours le placer là où il sera apprécié ; par sa délicatesse, il sera toujours choyé ; et par sa fragilité, il sera soigné. Si les objets parlaient, celui-ci ferait l’éloge de la vulnérabilité. Serait-ce une source d’inspiration ?