Juliette Rougier

Alto
La canne de Provence est une plante vivace endémique du bassin méditerranéen. Traditionnellement utilisée pour fabriquer des cannes, des paniers, des chapeaux, de la canisse et des calames, elle est aussi le matériau de prédilection pour la fabrication des anches d’instruments à vent.
Chaque jour, les manufactures mettent au rebut des centaines d’anches comportant des défauts de fabrication ou des taches. J’ai pris contact avec la manufacture Marca à Ollioules, productrice de anches depuis 1957, pour y récupérer leurs anches défectueuses destinées à être brûlées. Je détourne ces « indésirables » en les travaillant selon les codes de la marqueterie.
La confection des becs d’anches souligne les différents aspects de la canne, brillante et courbe en surface, mate et poreuse en son cœur. En réintégrant ces rebuts à un nouveau processus de création, les anches entaillées et brunies par le soleil sont alternées et laissent apparaître une multitude de motifs rythmés aux lignes graphiques et contrastées.
Ce projet participe d’un échange entre le territoire méditerranéen et son histoire, entre un matériau déclassé et un artisanat perpétué, et d’une réinterprétation contemporaine de savoir-faire traditionnels. J’explore au travers des premières pièces de cette collection une nouvelle forme de marqueterie, à la croisée entre le design, l’art et l’artisanat.