Juana & Ddiddue Etcheberry
Lauréats des Grand Prix du jury Accessoires de mode et Prix Hermès des Accessoires de mode 2020
COMMANDE PHOTOGRAPHIQUE À ROMAIN LAPRADE
Collection produite avec le soutien de Lognon, Paloma, Desrues - Métiers d’art de CHANEL
La démarche du duo consiste à produire dans son atelier, en utilisant les savoirfaire locaux et en collectant des objets en fin d’usage ou des produits industriels déclassés. Il expérimente de nouvelles formes de création autour de l’imagerie des coutumes basques, entre mythologie et tradition populaire.
La collaboration avec les Métiers d’art CHANEL s’est tournée vers une interprétation d’un théâtre populaire traditionnel, la Mascarade souletine, et de l’hybridation formelle et symbolique de deux de ces entités.
ETXEAN BELE, KANPOAN ÜRZO
Corbeau chez soi, colombe à l’extérieur
Ce dicton populaire du Pays basque est le point de départ du projet.
Maskarada est une expression théâtrale de la double identité de la nature humaine, la construction de soi dans l’intimité et dans
la société. Cette dualité se retrouve dans les personnages de la mascarade souletine, comme l’homme-cheval dont l’apparence autant que les rituels montrent le double aspect nature-culture et sauvage-social. Deux entités souletines sont mises en forme, entre narration symbolique et pure invention.
L’Aitzindari, le « beau », est civilisé.
Personnage mutique, préoccupé par la performance physique et l’autodiscipline, il consacre toute son énergie à enfermer sa part sauvage, à peaufiner son apparence.
Il a un but prométhéen, la domination de son environnement. Une végétation plissée et colorée veut jaillir de son torse, mais elle est contenue par une veste structurée, clouée au moyen d’une pointe à chaînette. Le person- nage passe par ce processus de civilisation pour devenir un être social. Un coiffeur vien- dra couper sa toison et lui donner une forme « jardin à la française ». Une performance, un rituel de domestication du poil et du végétal. Le Kauter, « le vulgaire » est sauvage.
Orateur et politique. C’est un tribun impulsif et instinctif qui s’exprime de façon cynique. Son humour piquant s’affiche sur l’ensemble de sa silhouette grâce à des broderies, tel un dazibo, et des bijoux symboles de raffinement. Son penchant pour l’autodérision se manifeste dans une branche à l’aspect brûlé qui lui transperce la tête, alors que sa douceur surgit par une manche en laine animale blanche, faisant basculer son autre manche protectrice.
Les plissages de la veste d’Aitzindari et du Jardin d’Eden ont été confectionnés par la Maison Lognon, les pièces de serrage et les bijoux par la Maison Desrues, la collerette et les broderies du manteau matelassé par Paloma.
Toutes les pièces sont exclusivement réalisées à partir de matières récupérées et collectées auprès des sociétés Etchesécurité (bottes déclassées), Emac (sols de la RATP déclassés), Euromaster (chambres à air) et du Centre national d’études spatiales (parachutes).