Dominique Issermann

Présidente du jury photographie et invitée d’honneur

ACCROCHAGE

LA DIGUE DU LARGE, PORT DE MARSEILLE, 1997
Pas de mur pour s’appuyer, je demande à Mickey Hardt de s’accrocher à la barre tendue entre les deux mâts plantés sur la digue.
Le vent sculpte le costume d’été, en respectant la gomina qui contraste avec soleil.
Pieds nus, torse nu, il échappe au travail un moment, son regard se perd là où tout devient beau.
J’ai tout vu en un clic.
Nous venons de faire une photo pour le couturier Claude Montana.

VILLA NOAILLES, HYÈRES, 2021
La photo est maintenant accrochée à la structure métallique de la salle avec des cordes de marin, la bâche hissée haut comme une voile. Le jeune homme en équilibre défie la gravité, le vent chauffé de soleil, la digue blanche aveuglante où le large est si près.
Tout cela enfermé dans le cadre de la boîte rectangulaire de la salle de squash, où résonnent encore contre les murs les impacts musclés des balles de cuir.
Ficelé comme dans une toile d’araignée, il est observé sous tous les angles, examiné sous toutes les coutures.
L’œil s’enfonce dans un espace vertigineux, comme dans une cage sans barreaux.
Mickey Hardt, suspendu dans son envol, jubilant dans l’effort de se maintenir au point de rupture, trouve sa place pacifiée au centre de l’image.
On est en 1925, l’architecte de la digue du Large achève son ouvrage dans le port de Marseille, Mallet-Stevens termine la villa Noailles et sa grande salle de squash.
On est en 2021, on accroche la photo de la digue du Large dans la salle de squash, les deux ouvrages se juxtaposent simplement, l’un servant d’écrin à l’autre.

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