“La Grâce, le Mérite et la Liberté” de Karim Zeriahen
La Grâce, le Mérite et la Liberté
Film documentaire de Karim Zeriahen sur Marie-Laure de Noailles.
52 min
Un film libre
Au moment où s’opère un réel retour conservateur et où la cancel culture (culture de l’effacement) pointe son nez en occident, il me semble pertinent de mettre en lumière une des personnalités incontournables et symbolique de l’ouverture des esprits par la recherche d’une avant-garde courageuse du début du siècle dernier : Marie-Laure de Noailles. Il serait paradoxal de dresser un portrait de Marie-Laure de Noailles de manière académique, de rentrer dans un moule, de suivre des traces déjà usées de la fabrication classique d’un documentaire, parce qu’au- delà de peindre le portrait de la plus grande mécène française du XXe siècle, il s’agit ici de faire un film sur l’idée même de l’anticonformisme, la différence, les idées libres et la beauté dans l’art.
L’enjeu est de créer une nouvelle forme de documentaire fidèle à son sujet, insérant archives multiples, témoignages et animation évoquant le passé et l’histoire dans une ligne parallèle à une seconde, qui, tournée vers le présent, laisse place à l’expression de l’artiste et relate une création tout à fait contemporaine en rendant hommage à l’essence même de l’héritage des Noailles.
C’est donc un film vivant et tourné vers aujourd’hui, dégagé des codes de diffusion standards, nourri du passé; et c’est vers une richesse foisonnante d’éléments divers, poétiques, historiques et ludiques que nous nous orientons. Le foyer de ces croisements se tient à la villa Noailles, lieu emblématique de création, festif et léger, rêvé et créé par les Noailles pour et avec les artistes. L’âme des Noailles se situe bel et bien à travers ce lieu, dans la bienveillance et la générosité envers ceux qui font bouger les lignes et canalisent l’ère du temps en créant des fragments de poésie intemporels. Marie-Laure, de par son entregent, son culot, sa fidélité, son rayonnement social et sa fortune a réussi à créer avec son époux Charles une sorte de philosophie de la philanthropie à la française. Lorsque Marie-Laure de Noailles, avec le soutien de son époux Charles, décide de construire une des villas les plus emblématiques de son siècle sur les hauteurs d’Hyères en 1923 et que tous deux confient ce projet très ambitieux à un architecte alors inconnu, Robert Mallet-Stevens, il est évident que ce qui les animait principalement à ce moment-là était l’idée de dépasser des lignes, de penser le modernisme sans barrières et dans une convivialité créative. C’était aussi incarner de manière très concrète leur idée du mécénat en laissant une totale liberté à la création et une place dominante aux artistes, fortement convaincus que c’est par eux que la vie pouvait se réinventer et les vérités se révéler. C’est l’idée même de liberté qui est au cœur de la pensée des Noailles et davantage encore dans l’esprit de Marie-Laure. Une philosophie engagée, libertaire, déjantée parfois, possiblement provocatrice et avant tout généreuse.
Un hymne à la liberté pour célébrer le centenaire de la villa Noailles.
Réalisation : Karim Zeriahen
Avec la participation de : Anna Mouglalis
Bande originale : Frédéric Sanchez
Animations : Francisco Bianchi
Intervenants : Jean-Pierre Blanc, Pascale Mussard, Eléa Legangneux, Laurent Lebon, Adel Abdessemed, Olivier Gabet, Sophie Bramly, Paul Audi, François Chaignaud, Vincent Huguet, Pierre Yovanovitch, Emilie Hammen, François-Marie Banier, Cécile Briolle
Image : Léo Monnet, Adrien Tabardon