Le Chaos par Charles de Vilmorin

Piscine, villa Noailles

Margot : Je suis très contente que tu fasses cette exposition à Hyères, c’est un beau projet ! Quelle est ton inspiration principale ?

Charles : C’est le Radeau de la méduse, j’adore ce tableau ! Il est pour moi à la fois fort, brutal et extrêmement poétique, j’aime bien ces contradictions. Tu sais bien que ce côté contradictoire fait partie de mon travail, j’ai envie de recréer ces émotions dans l’exposition et montrer ce côté-là de moi.

Margot : Je vois très bien. Et du coup, tu vas mettre en avant cet aspect à travers ta collection ? La mise en scène ? Comment est-ce que tu vois les choses ?

Charles : J’ai décidé de peindre une fresque sur toute la surface des murs, de manière très spontanée. C’est un vrai défi d’où va dégager de la force mais également des imperfections, tout comme ma collection. C’est aussi mon rôle en tant que président du jury d’être sincère et de montrer les différentes facettes de ma créativité.

Margot : C’est important de mettre en avant ce côté-là de toi, surtout que c’est grâce à ces chamboulements que tu arrives à créer !

Charles : Oui c’est ça, tu vois, par exemple, quand j’ai sorti ma première collection, tout le monde a trouvé ça joyeux et onirique, de par les couleurs, les formes, mais à ce moment-là, je n’étais pas vraiment au top. La couleur, c’est un peu ma safe place. Quand j’ai présenté ma collection noire, au contraire j’étais confiant, et c’est pour ça que j’ai voulu prendre un peu plus de risques et montrer autre chose !

Margot : Oui je sais, je comprends ! Je pense qu’il est essentiel de montrer que parfois dans les doutes et les faiblesses, il y a quelque chose de puissant, de beau. C’est un peu ça que tu veux représenter !

Charles : Exactement ! Quand je crée, c’est souvent un peu traumatisant parce que je puise dans mon inconscient, dans mes vices. Ce qui en ressort est imparfait, mais sincère et fort.

Margot : Et comment tu vas présenter la collection ?

Charles : Il y aura un tas de cygnes, de chevaux et de visages en plâtre cassé, ruiné : ils laisseront entrevoir la collection, qui est un contraste entre des looks très purs et saturés, toujours dans l’idée de montrer les deux côtés qui forment un tout. Pour les sculptures, j’ai travaillé avec Damien Moulierac, dont j’aime beaucoup l’art, qui est à la limite du trash mais toujours très poétique et décalé.

Margot : Ça va être beau ! En fait, on va un peu entrer dans ton inconscient et voir ce qui se passe quand tu crées.

Charles : Oui c’est l’idée, tout ça accompagné d’une musique immersive composée par l’artiste Amakuno pour mon dernier défilé. J’ai envie que ce soit une expérience. La musique est ma première source d’inspiration, elle décuple les émotions et donne du caractère au visuel. Pour moi, il est impossible de dissocier le visuel et l’auditif qui créent encore plus de sens ensemble.

Margot : Je suis totalement d’accord, la musique nous plonge dans un autre état et aide aussi à la compréhension de ce qu’on voit ! Tu m’as dit que tu allais peindre une fresque, est-ce que tu sais déjà un peu ce qu’elle va représenter ?

Charles : Oui. Comme tu le sais, dans l’art, je suis très sensible aux corps transformés, aux créatures imaginaires, aliens… J’ai envie de représenter une composition de visages, corps inhumains, aliéniques, fantasmagoriques, de toutes les couleurs avec un certain clin d’œil à des artistes comme Dalí et Man Ray.

Margot : J’ai hâte de voir ! Est-ce qu’il y a un lien entre la fresque et ta collection ?

Charles : Oui ! Il y aura deux silhouettes de ma première collection, totalement peintes à la main. La fresque reprend sur le mur, cette même technique faite sur le tissu. Le reste de la collection sont des silhouettes récentes, noires, blanches, couleurs saturées.

Margot : Merci de m’avoir parlé de tout ça, j’arrive à imaginer l’exposition, j’ai vraiment hâte de la découvrir !

Charles : Je suis très heureux de ce projet, c’est une expérience psychédélique que j’espère être généreuse et expressive. J’espère qu’elle te plaira !

Margot Marty

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