Gabrielle Huguenot
Un pied dans la tombe et l’autre qui glisse
One foot in the grave and the other slipping
Après le tumulte et les rayons aveuglants de la gloire, Le silence. Un silence lourd et pesant où se trame nombre de batailles violentes, Sans que l’on en voie les cicatrices. Habitée d’une peur viscérale de l’oubli, La Femme Serpent marche vers ce qu’elle pense être sa perte. Perdue sur un chemin sombre et tortueux, Elle scrute l’horizon à la recherche de lumière, Hésitant à chaque pas de peur que la lueur ne soit que mirage. Elle porte sur elle les vestiges érodés de sa grandeur passée, Elle les arbore en trophées salis par l’indifférence. Son discours détonne, C’est une complainte aigrie aux accents de condescendance, Les émotions se coupent la parole pour remplir ce silence qui la condamne. Elle puise dans ses dernières forces pour tonner un Chant du Cygne chaotique qu’elle aurait voulu triomphant et solennel. Entre euphorie, paranoïa et extase, Elle s’écorche à se rendre elle-même hommage, De peur que personne ne la pleure. Elle s’abreuve des fracas de ses chutes, Détruite de ne vouloir voir le silence vainqueur.
Larmes tremblantes, 2024
Pièce de tête réalisée avec le soutien de la Maison Goossens
Inspirée par la magnificence des bijoux baroques et par les marques du temps qui les détériorent, Larmes tremblantes explore le contraste entre force et vulnérabilité. Constituée de formes organiques monumentales en métal, la pièce s’articule de manière complexe suivant les courbes du corps. La surface du métal est martelée et émaillée à la main, cherchant à malmener la matière tout en la rendant robuste et immuable. Jaillissant de l’obscurité de l’émail, des larmes de cristaux changeants et des perles baroques émaillées. Certains cristaux sont montés en trembleuse, technique de sertissage employée en joaillerie permettant aux pierres de trembler au travers d’un système caché. Ainsi, la nature imposante et massive de la pièce se trouve compromise par fragilité.
Rancoeur Acérée, 2024
Set de bagues réalisé avec le soutien de la Maison Desrues
Symbole de la réclusion de La Femme Serpent, d’extrêmement longs ongles transcrivent le temps qui s’est écoulé. À la fois spectaculaires et embellis d’émail, ils racontent sa morne attente et sa passivité. Les techniques utilisées pour leur confection dressent une ambiguïté entre le moderne et l’archaïque. Le développement des designs 3D a laissé sa précision immaculée au profit d’une recherche d’imperfections. La surface du métal est marquée d’à-coups et d’accrocs, signes d’un combat acharné. Le travail d’émail est inspiré d’une pièce d’archive Arts déco de la Maison Desrues, cherchant à redonner vie à des techniques perdues par des techniques modernes.
Chaos en Fleurs, 2024
Fleurs réalisées avec le soutien de la Maison Lemarié
Les pièces allient savoir-faire fleuriste et métallerie au travers de techniques d’assemblage. Les pétales sont composés de plusieurs couches de rhodoïd issu des archives de la Maison Lemarié. Les découpes sont réalisées à partir de moules anciens puis mis en forme à la main et teints. Les pétales ont ensuite été assemblés avec diverses métalleries, cherchant à créer les vestiges d’un bouquet de fleurs préférant s’oxyder à se laisser faner.
Gabrielle Huguenot