Souleymane Bachir
La Mer en nous se fait l’écho de ces souvenirs.
Avec Hier, j’ai dansé avec la mer, aujourd’hui aussi, Souleymane explore l’océan telle une profonde métaphore de la mémoire. Il recourt à l’océan pour restituer des souvenirs de confessions, de témoignages et d’interactions, en s’attachant à rappeler la familiarité des paysages et des sujets.
Le concept d’écocritique2 aborde le développement de la culture humaine dans sa relation avec le monde physique : à la campagne, en ville, sur la côte ou en mer. Le son des vagues ébranle le cœur, berce les âmes et atteint les sphères les plus profondes, aussi profondes que les mondes marins dont seuls les contes peuvent témoigner. Un voyage dans le temps de l’enfance, ravivant ce sentiment de félicité, d’évasion lors des étés au grand air ou de visites coutumières. Face à la mer, l’esprit commence à s’émanciper des nuances de la vie, à percevoir au-delà du visible, à contempler au-delà de l’horizon.
C’est un des liens les plus anciens entre la vie humaine et la mer. Un espace sûr dont chaque rencontre recèle des mystères magiques. Il peut s’agir du sable embrassant la peau, exfoliant les cellules mortes. Chaque corps invoqué s’accompagne d’une mémoire et d’une individualité. Une promenade, une méditation, un moment partagé avec un compagnon. Tous ont pour point commun cette grande évasion, comme les chemins qui ramènent à la réalité, un jour ou l’autre.
Plus que de l’eau, la mer se présente ici comme une surface réfléchissant les émotions et les souvenirs qui déferlent dans les profondeurs, explorant minutieusement le rôle de l’océan en tant qu’archive collective de l’expérience humaine. Conjuguant une narration poétique à une esthétique soigneusement élaborée, cette série invite les regardeurs à percevoir l’océan comme un espace collectif de mémoire et de transformation. Ce travail réaffirme l’intérêt que Souleymane Bachir accorde aux liens profonds qui unissent l’identité, l’espace, la mémoire et le désir humain de renouveau.
Cette série transcende l’art du portrait, en proposant une narration élaborée qui invite les regardeurs à découvrir dans chaque image un jeu de couleurs de vêtements, et crée un sentiment de vulnérabilité avec pour toile de fond une mer racontant des histoires apparemment familières, mais à présent différentes.
Les synergies avec Safi Niang superposent la composition à la direction du mouvement et au stylisme, créant ainsi une chorégraphie de corps qui entrelace les récits de Safi Niang, d’Omar Pujo, d’Hortense Cynthia Brito Lima, de Maboneza Mamert Junior et de Joshua. La série s’articule autour de scènes à la villa Noailles et sur l’Île de Porquerolles, afin d’établir une interaction visuelle entre histoire construite et continuité naturelle.
Ndeye Filly Gueye
2 Lewis, Sharon A, et Ama S Wattley. Bodies of Water in African American Literature, Music, and Film. Lady Stephenson Library, Newcastle upon Tyne, NE6 2PA, UK, Cambridge Scholars Publishing, 1er juin 2023, p. 5-8, African American Ecocriticism,
www.cambridgescholars.com/resources/pdfs/978-1-5275-0210-9-sample.pdf. Accessed 10 Aug. 2024. Le chercheur Nasrullah Mambrol cite William Rueckert comme étant le premier à avoir forgé le terme « écocritique » en 1978, mais il indique que l’étude de l’écocritique n’a pris de l’importance qu’au milieu des années 1990. Mambrol déclare : « (1) Les écocritiques croient que la culture humaine est liée au monde physique. (2) L’écocritique part du principe que toutes les formes de vie sont interdépendantes. L’écocritique élargit la notion de “monde” pour y inclure l’ensemble de l’écosphère. »