“Commande publique, projets pour une oeuvre d’art dans le cadre du centenaire”

Pour célébrer son centenaire, la villa Noailles a choisi de se rapprocher de l’esprit du bâtiment d’origine. La particularité de son architecture et sa position géographique en font un repère, aussi bien localement qu’à l’échelle nationale et internationale ; le centre d’art souhaite donc proposer aux artistes de créer une installation pérenne et visible, un « signal » symbole de l’évolution perpétuelle de ce bâtiment.
Cette œuvre s’inscrira dans la lignée des actions de Charles et Marie Laure de Noailles et perpétuées depuis l’ouverture du lieu au public :
— Le bâtiment conçu par Robert Mallet-Stevens dispose d’un mât sur lequel les propriétaires d’origine avaient pour tradition de hisser leurs couleurs durant leurs séjours à Hyères ;
— En 1925, les Noailles commandèrent à Constantin Brancusi une version en acier miroitant de l’Oiseau dans l’espace mesurant 3,5 mètres de haut pour le parvis de la villa. Malgré la collaboration de Jean Prouvé en 1927, le projet n’aboutira pas compte tenu des techniques de l’époque ;
— Un Nu à la draperie en plâtre, par Henri Laurens en 1928, posé sur une terrasse ;
— Des sculptures en métal d’Oscar Dominguez installées sur le mur d’enceinte du parvis en 1954 ; — Plus récemment, l’artiste Erick Samakh réalisa l’installation sonore les Joueurs de flûte au parc Saint-Bernard en 1999. Le dispositif consistait en une multitude de flûtes suspendues dans les arbres qui jouaient différents airs à la tombée de la nuit.
Cette commande publique reçoit le soutien de l’État.
Après l’appel à projet lancé au début de l’année 2023, le comité artistique s’est réuni une première fois en mars pour sélectionner trois finalistes dont les avant-projets sont exposés à la villa Noailles cet été. Le projet lauréat sera réalisé au cours du deuxième semestre.

Lauréat de la commande publique : Guillaume Aubry

« Et je fermerai les yeux quand tu disparaîtras » est un projet d’installation lumineuse à l’échelle
de la villa Noailles tout entière. Douze disques de laiton sont installés sur la façade de manière à redessiner l’arc complet de la course du soleil. Robert Mallet-Stevens, architecte de la villa, a en effet orienté tous les espaces de la maison plein sud pour répondre à son commanditaire qui lui avait demandé : « Je veux le soleil le matin dans les chambres à coucher et le soleil de l’après-midi dans
le salon, parce que c’est pour avoir le soleil que j’irai dans cette maison. » Chaque disque mesure 27,8 centimètres de diamètre, soit un cinquième de milliardième de la taille du soleil. Tout au long de la journée, ils reflètent tour à tour furtivement la lumière du soleil et offrent à la villa une dimension cosmique, discrète mais sculpturale, sans besoin d’énergie, qui s’adresse autant au paysage qu’à ceux et celles qui le traversent au quotidien. Le titre émane d’un intertitre du film les Mystères du château de dé (Man Ray et Jacques-André Boiffard, 1929) où la lumière solaire semble tenir le rôle principal. Les visuels qui accompagnent ce texte sont réalisés à partir de photogrammes provenant du film.

“Commande publique, projets pour une oeuvre d’art dans le cadre du centenaire” - © Villa Noailles Hyères
Jean-Baptiste Fastrez

La villa Noailles est une institution chère à mon cœur, un lieu rempli de souvenirs heureux de découvertes et d’expérimentations. Je serais donc honoré de contribuer à l’histoire culturelle de ce lieu qui m’a tant apporté.
Pour cette création, j’aimerais bien sûr évoquer le rôle majeur de la villa Noailles dans l’émergence des avant-gardes du XXe siècle, mais aussi la vivacité de sa philosophie qui persiste encore cent ans après sa construction.
J’aimerais aussi réaliser une pièce propre à l’esprit des Noailles en intégrant la mobilité des corps, même le sport, à sa réflexion conceptuelle et artistique. Il me paraît indispensable que ce « signal », soit certes un point d’attraction pour les Hyérois, visible depuis le bas de la ville, mais aussi un point de rassemblement et de distraction au cœur des jardins de la villa.
J’ai pu constater au fil de mes années passées à la villa Noailles que la jeunesse est au cœur du projet culturel du centre d’art, il me parait donc pertinent d’imaginer un dispositif qui intègre les enfants à la visite de ce lieu historique dans une volonté autant patrimoniale que ludique.
En puisant dans les archives de la villa Noailles, j’ai découvert une piste de travail qui pourrait rassembler ces différentes ambitions. Tous les visiteurs de la villa gardent en tête les images
de cette balançoire installée par les Noailles au-dessus de la piscine alors encore en eau. Cette balançoire revêt un caractère très touchant, symbole de la joie et de l’insouciance qui régnaient vraisemblablement à la villa tout en côtoyant la grande émulation intellectuelle qui y régnait à l’époque.
Je trouverais réjouissant de faire revivre cette activité au sein du bâtiment en l’inscrivant dans une installation dans les jardins. Cette œuvre-balançoire serait donc un mobile, qui par son côté ludique amène chacun à faire œuvre tout en s’amusant : une activité praticable par tous, qui ne nécessite pas de moteur pour fonctionner.

“Commande publique, projets pour une oeuvre d’art dans le cadre du centenaire” - © Villa Noailles Hyères
Maximilien Pellet

L’œuvre murale en faïence s’inscrit dans le prolongement d’un dialogue centenaire entre le jardin architectural imaginé par Guévrékian et les œuvres qui l’ont côtoyé. Le dessin gravé dans l’argile s’inspire d’un lexique de formes liées aux nombreux projets de sculptures autour du jardin, à ses modifications, à ses ajouts et ses disparitions.
Le dessin suggère qu’avec le temps la lumière du soleil a imprimé sur le mur de la villa les fantômes de la statuaire évanouie qui se superposent et constituent ce que l’on nomme un « héritage ». La céramique permettra de témoigner de cet héritage pour cent ans encore.
L’œuvre fera écho à une autre histoire de l’art, plus populaire : celle des traditionnelles façades en faïence d’Hyères. Les surfaces irrégulières, émaillées d’une palette claire, donneront à cette façade un grand pouvoir de réflexion de la lumière du soleil, à l’image du scintillement de la mer.
Vue du jardin cubiste, la fresque en céramique s’intégrera dans l’intimité du cadre et offrira aux visiteurs la possibilité de reconnaître quelques lignes familières dans les sillons de la matière. Vu du centre-ville, le scintillement fonctionnera comme un puissant signal lumineux sur la colline.

“Commande publique, projets pour une oeuvre d’art dans le cadre du centenaire” - © Villa Noailles Hyères

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