Ronan Bouroullec, Triptyque

En 2023, dans le cadre de la riche programmation célébrant son centenaire, la villa Noailles a invité Ronan Bouroullec à présenter trois expositions : Dessins quotidiens, à l’Hôtel des Arts de Toulon, Les mains à l’argile, à la Galerie du Canon, et Productions récentes, au sein même de la villa, approfondissant ainsi la longue relation de compagnonnage et d’amitié qui lie l’artiste au lieu – où il exposa pour la toute première fois en 1998 – et à son directeur, Jean-Pierre Blanc.
L’invitation a pris la forme d’un triptyque, c’est-à-dire une proposition, une œuvre, un discours, un projet en trois parties ou, plus précisément, selon le Larousse, une « œuvre faite de trois panneaux jointifs latéralement. Les panneaux latéraux constituent, lorsqu’ils sont montés sur des charnières, des volets qui peuvent se refermer sur la partie centrale ».
Dessins quotidiens
Présentée à l’Hôtel des Arts de Toulon, du 4 mars au 29 avril 2023, cette exposition rassemble quelque 300 pièces, dessins exécutés au cours des cinq années précédentes, bas-reliefs réalisés depuis 2021, ainsi qu’un grand ensemble de carnets, inscrits quant à eux dans une chronologie bien plus large, puisque remontant pour certains à plusieurs décennies.
Les mains à l’argile
Le deuxième volet du triptyque, présenté à Toulon à la galerie du Canon, du 23 juin au 5 novembre 2023, est lui aussi consacré à une discipline. Mais à la différence du dessin, envisagé comme une pratique globale (incluant même, au travers des carnets, les croquis préparatoires du travail du design, qui relèvent pourtant d’un ordre tout à fait différent) et à l’échelle des décennies, l’approche de la céramique est ici résolument resserrée sur les dernières années, alors même que le travail de ce matériau remonte aux débuts de la carrière de Ronan Bouroullec, et à sa collaboration avec le potier Claude Aïello dans le cadre du programme de commandes « Designers à Vallauris » à la fin des années 1990.
L’exposition se concentre aussi sur une pratique particulière de la céramique, en excluant le champ de l’objet fonctionnel au-delà du vase, qui constitue une sorte de point limite entre forme per se, quasi sculpturale, et objet à valeur d’usage. Une focale plus serrée, donc, mais qui permet tout de même d’aborder une grande variété de pratiques : les carreaux de parement (Pico et Rombini, puis les briques Bloc, en collaboration avec Mutina depuis 2011), les vases (avec Mutina en 2021, et Tajimi en 2022), les bas-reliefs créés depuis 2021, et même, pour la toute première fois, de nouvelles pièces au statut assumé de sculptures.
Productions récentes
Inaugurée comme la précédente pendant la Design Parade Hyères, l’exposition « Productions récentes » s’est tenue du 24 juin au 3 septembre 2023 dans l’une des plus belles salles de la villa Noailles, la préférée de Ronan Bouroullec pour sa dimension intime, domestique, la beauté de son éclairage naturel et sa fenêtre sur un paysage idéal.
Elle n’était pas guidée comme les deux autres par une démarche typologique en fonction d’un geste ou d’un medium, mais réunissait trois propositions relevant de démarches parallèles et simultanées. Elle est un moment d’assemblage de ces propositions inscrites dans les champs contigus du design d’objet : la lampe de table pour Flos, les paravents pour Kvadrat ; et du projet in situ : l’aménagement de la chapelle Saint-Michel de Brasparts.
Extraits du texte de, excerpts from the text by, Martin Bethenod, février 2024
Cette publication a été coéditée par, this publication is copublished with, les Éditions 7L et la villa Noailles.
Design graphique, Graphic design : ÉricandMarie
Texte, text : Martin Bethenod
« Je pense, dit Ronan Bouroullec, que le cœur de mon langage, c’est ce qui touche au mode d’assemblage, à la manière dont les formes, les plans, les matériaux se rencontrent. » Entretien avec l’auteur en janvier 2023.