Mathieu Lehanneur
le 28 juin 2019L’Horizon des particules
Une cheminée sculptée comme des strates géologiques, de grands arbres diffuseurs d’une brume rafraîchissante, un bloc de marbre posé sur des bulles de verre soufflé, un morceau d’océan fossilisé…
Depuis plusieurs années, Mathieu Lehanneur développe une approche singulière et innovante dans le champ du design. Nourri par la science, la technologie, les savoir-faire ou les arts, il crée des connexions inédites entre le monde du vivant et celui des objets : de la molécule thérapeutique aux symboles ancestraux.
Dans son travail, la biologie côtoie l’artisanat, la nature primitive se mêle aux outils numériques, et le temps qui passe joue avec le temps qu’il fait ; comme une brève histoire de l’humanité. Dans l’exposition « L’Horizon des particules », Mathieu Lehanneur réunit un grand nombre de ses préoccupations à travers un corpus de projets dont certains sont des pièces uniques, et d’autres produits en grande série.
Issu du vocabulaire astrophysique, le titre même de cette exposition évoque à la fois l’infiniment petit et l’échelle d’un univers qui nous dépasse, mais qui a toujours fasciné les créateurs, en particulier ceux de la Renaissance. En ce sens, cette exposition fonctionne comme une multitude de portes ouvertes sur notre condition humaine d’êtres sensibles, pensant et respirant.
« Je n’ai jamais voulu choisir un domaine, un matériau ou une fonction. Je m’intéresse davantage à l’aventure humaine depuis que nous avons quitté la caverne. Mes objets se nourrissent de ce que nous sommes profondément : nos instincts, nos croyances, nos perceptions ou notre physiologie. Nous sommes des êtres vivants entourés de choses. Chacune nous projette, chacune nous reflète » selon Mathieu Lehanneur.
Ici, au-delà du visuel, les objets se ressentent et se vivent. L’air est rendu beau par une colonne de purificateurs d’air à base de plantes, qui pour l’exposition s’organisent comme une chaîne d’ADN. La climatisation naturelle de l’espace est assurée par des brumisations d’eau filtrée qui se diffusent depuis des structures organiques et majestueuses. Au milieu de l’espace, un grand puit laisse apercevoir la piscine historique de la villa Noailles, offrant une plongée dans le passé de cette architecture et de ses prestigieux commanditaires.
Dans un espace attenant, l’Atelier du Monde présente une série entamée par Mathieu Lehanneur il y a plus de dix ans. Intitulée « l’Âge du Monde », elle consiste à mettre en forme les pyramides des âges de l’ensemble des pays de notre planète. À partir de ses données démographiques, chaque pays s’incarne à travers une jarre de céramique émaillée. Leurs silhouettes respectives rendent ainsi compte de leur histoire et de leur développement.
Dans la cosmologie, l’horizon des particules définit la région de ce qui a, ou pas, déjà été observé dans l’univers. Ou, ce qui a existé et ce qui n’existe pas encore… Cette exposition est un voyage, un paysage et un laboratoire. « C’est un bref aperçu de ce que nous laisserons de notre passage » ajoute le designer.