Quercus Suber, Objets contemporains en liège du Var

Sous le nom énigmatique de quercus suber se cache un arbre majeur du bassin méditerranéen ; le chêne-liège. Exploité depuis des siècles dans le Var, il peuple aujourd’hui encore les massifs forestiers et se trouve dans nombre d’objets du quotidien en Provence. On pense à la faouque (aussi appelée « couasse ») qui sert à présenter la bouillabaisse ou les légumes de l’aïoli – plat autant qu’expression de la source dont il est fait : l’écorce brute de liège qui conserve la courbe du tronc. Le liège s’utilise aussi après transformation en compressé ou en granulés ; on le trouve en bouchon, en dessous de plat, en plaque pour la construction. Isolant thermique et phonique, ininflammable, antifongique, recyclable, léger, robuste, ses destinations semblent infinies tant le matériau regorge de qualités.

Le maintien des suberaies (forêts de chêne-liège) est essentiel à l’écosystème local car elles ralentissent les incendies, stabilisent les sols et abritent la faune et la flore. Pourtant, depuis soixante ans, la levée du liège qui permet la régénérescence de l’arbre, a presque disparu dans le Var. L’activité nécessite une main d’œuvre importante dont la compétitivité économique ne résiste pas à celle des pays voisins. L’équilibre biologique est perturbé, les entreprises ferment, le savoir-faire et les outils disparaissent.

Un regain d’intérêt grandit cependant grâce aux actions de l’association Forêt Modèle de Provence, en réseau avec les institutions locales, nationales et européennes. Une de ses initiatives est l’organisation du concours de design dont les projets sont présentés ici. Les créateurs sont invités à concevoir des objets et du mobilier composés en majorité de liège. La villa Noailles coorganise le concours en réunissant un jury et deux expositions (en mai pendant les Journées du liège, puis tout l’été pendant Design Parade). Cette vitrine tend à replacer le chêne-liège dans toutes ses dimensions culturelles, artistiques et scientifiques.

Depuis 2016, le centre d’art et l’association ont su tisser un réseau local de professionnels depuis les exploitants agricoles jusqu’aux artisans qui travaillent la matière. Le rayonnement de cet engagement durable se constate dans de nouvelles productions en liège varois : la série d’étagères Mass par le duo néerlandais Odd Matter et la ligne de meubles Chêne & Liège lancée en 2023 par le designer français Noé Duchaufour-Lawrance à travers ses éditions Made in situ.

Cette année, les designers en compétition innovent encore par le dessin et par le développement de matériaux écologiques. Ils conçoivent des objets en exploitant les spécificités du liège. Deux tendances se dégagent : des objets mono-matériau rendus possibles par le brûlage qui libère la suberine, la colle naturelle du liège, et des éléments composites intégrant des fibres naturelles ou des rebuts industriels.

Ce nouvel élan offre des perspectives de production et de diffusion appuyées par l’artisanat ou l’industrie. Il prouve s’il en était besoin que le liège conserve toute sa place dans la création contemporaine.

Les lauréats 2025 :
Baptiste Da Silva, 1e prix
Charles Guerlain et Marion Saxod (Nysædition), 2e prix
Margaux Lebreton, Coralie Casal et Marie Augustin, 3e prix
Fabrice Peyrolles, prix d’encouragement

Les finalistes :
Enzo Audion
Manon Caproni
Maël Couvant
Salomé Hechaichi, Samuel Basquin, Romé Bousquet
Margaux Lebreton, Coralie Casal Tavares, Marie Augustin
Philippe Lopez
Antoine Rouxel et Elouan Tran Ba Tho
Clara Tardieu
Elias Vasseur-Dorangeville, Idrys Mannaï, Juliette Rollet
Philippe-Gabriel Villard
Aymen Zeryouh

Le jury :
Sandie Tolardo, la Gazette du flamant rose, directrice artistique
Clément Rougelot et Kevin Dolci, fondateurs de 13 desserts, éditeurs de design
Fanny, Curiosités de Neptune, créatrice de bijoux
Franck Lapointe, fondateur de Bob carrelage