Clément Rosenberg, Hantises, habiter avec l’invisible
Hantises
habiter avec l’invisible
Hanter a pour origine « hantalon », un ancien verbe germanique qui signifie manier, traiter, commercer. Ainsi le mot hantise, avant de prendre le sens qu’on lui connaît aujourd’hui, traite de nos fréquentations, de nos façons de commercer avec quelqu’un, avec quelque chose.
Au XIXe siècle, période pendant laquelle l’Europe entière se passionne pour les romans gothiques et le spiritisme, le terme renvoie directement au fait d’entretenir des relations avec les fantômes.
Hanter un lieu serait donc une façon de fréquenter un endroit en prenant en compte son caractère invisible, c’est-à-dire ce qui échappe à notre premier regard mais aussi à notre raison moderne.
« Voilà qu’un bruit se fait entendre dans la maison. Cela peut être un chat, un rat, un hérisson où les poutres que travaillent les vers ou encore un démon ou pareillement une ombre. » Cette citation extraite du traité De rerum varietate, écrit par le célèbre mage de la Renaissance Jérôme Cardan, exprime déjà tout l’intérêt que porte la figure de la maison hantée.
L’invisible c’est tout autant la matérialité du mur jusque dans ses couches occultes mais aussi les « immatériaux » de la pièce : le ricochet du son sur le plafond, le reflet d’une lumière dans un angle ou encore l’humidité ressentie. À cela s’ajoutent les présences qui l’habitent sans que personne ne s’en aperçoive : plantes, animaux, génies domestiques et autres représentants du petit peuple de nos logis.
Hantises tente alors de mettre à l’épreuve la maison hantée comme modèle pour habiter le XXIe siècle.