L’Annexe : sélection de pièces iconiques de design par Éléa Le Gangneux

Galerie d’art L’Annexe
26 rue Verdun, Hyères

“La Méditerranée ne se contente pas d’être un spectacle. Il est probable que son sel et son iode contiennent autre chose de fort mystérieux, puisque toutes les côtes qu’elle baigne forment une sorte de patrie et que les peuples qui habitent cette patrie composent une famille qui, même lorsque les apparences et le mur des langues le démentent, groupent une sorte de race, et je le répète, de famille”, écrivait Jean Cocteau.

Les cultures qui ont jalonné le bassin méditerranéen témoignent de la circulation incessante des idées et des hommes. Submergé par la vague des Trente Glorieuses, l’homme a redessiné le paysage et l’a profondément transformé.
Les créations présentées n’ont pas toutes été conçues dans le bassin méditerranéen, elles ont été sélectionnées car elles reflètent l’évolution de notre paysage domestique. Elles sont le fruit de l’imagination d’artistes, de céramistes, de designers et furent conçues entre 1945 et 1975.
Dans la période d’après-guerre, Vallauris vit débarquer Picasso et d’autres créateurs parisiens et devint l’un des centres de créations de céramiques les plus importants. De nombreux artistes furent animés par la volonté de démocratiser leur production et certaines créations bénéficièrent d’une diffusion importante. Les figures du soleil, de la faune et de la flore, la fascination de la Grèce archaïque, des Arts primitifs, du corps féminin, figureront parmi les thèmes de prédilection de ces créations utilitaires et décoratives.
À l’instar de nombreux enfants du Pays, Valentine Schlegel née sur la plage de Sète partit tenter sa chance dans la capitale, là où « la ville ressemble à un grand salon où tout ce que nous aimons vivre est exclu ». Car vivre au bord de la Méditerranée c’est vivre dehors.
Les nouveaux matériaux et l’évolution des techniques permirent de renouveler et de transformer les formes du mobilier d’extérieur. Le mobilier en métal étudié dès les années 1920 par les modernistes commença à se démocratiser dans les années 50. Les créations en métal perforé de Mathieu Matégot, parmi les plus originales et les plus fantaisistes de l’époque, furent largement réinterprétées par les fabricants de mobilier.
Avec les années 60 vinrent la folie du tout plastique et l’avènement de la société de consommation : « Avant il n’y avait rien. Après c’est le déluge, le capharnaüm, la prolifération. « À l’américaine » comme disait le facteur de Jacques Tati. Il fallait tout inventer, ou du moins vêtir les pulsions éternelles avec des paréos neufs. L’image du « bonheur-vacances » flamboyait, c’était la première fois dans toute l’histoire du monde. »
Le mobilier encapsule les bouleversements de notre société, de nos façons de vivre, de nos excès. Les créateurs des Trente Glorieuses ont posé les jalons de notre façon d’habiter, leurs créations avant-gardistes ont été digérées, réinterprétées et ont transformé le mobilier et les objets de notre quotidien.
Les meubles ont une force évocatrice, serviteurs discrets ils nous accompagnent, ils sont des acteurs silencieux qui participent aux théâtres de nos vies et nous autorisent à retrouver au loin, au coin d’une table, un peu de sel et de soleil…

© Luc Bertrand

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