Edgar Jayet et Victor Fleury Ponsin, Animare

Prises de vue réalisées à la Galerie Gabrielle Laroche par Théo Giacometti,
commande photographique du festival
Lauréats du Grand Prix Design Parade Toulon Van Cleef & Arpels 2021
L’Ancien évêché, au cœur de Toulon, porte en son nom l’idée même d’une fonction disparue. Ayant perdu sa destination épiscopale depuis le XVIIIe siècle, devenu par la suite une école ou un musée, ce bâtiment témoigne de l’impossible permanence tandis que les murs demeurent. Cette impermanence met en lumière l’origine même du mobilier, qui porte dans son étymologie la notion de mobilité. Dès le Moyen Âge, le mobilier répondait à une nécessité de déplacement, les cours étaient itinérantes au gré des conquêtes, des guerres et des saisons. Les « biens-meubles » consistaient alors en un ensemble de coffres, de tapisseries que l’on « tendait » et « destendait », et de tables à tréteaux que l’on « dressait » : un mouvement perpétuel et une ambivalence entre le caractère robuste de ce mobilier et sa légèreté. Par ce travail il s’agit de rétablir la fonction perdue du meuble, de retrouver son origine pour déployer un espace, avec en puissance le devoir de peut-être un jour le quitter. Si l’homme itinérant emporte sa demeure, l’évêque regagnant les lieux cherche, lui, à s’entourer d’une bénédiction, d’une protection apposée sur l’espace qu’il occupe. Il s’entoure alors d’artefacts et redonne à ce lieu vide sa dimension spirituelle. S’appuyant sur le lien entre l’objet sacré et l’objet domestique, l’intervention artistique de Victor Fleury Ponsin souligne l’importance de la protection divine lorsque l’architecture n’était qu’un toit.