Palmarès
Willie Morlon, France
PLACO STUDIOLO
Placo studiolo est une salle de palais méditerranéen. Un palais rêvé comme on peut en voir en image ou dans les musées mais sans matériaux précieux, sans marbre ni or. Seulement du placo du sol au plafond, du polystyrène d’isolation et des sangles de chantier. Un hall d’entrée merveilleux simulé par un artisan du bâtiment admirateur enthousiaste de l’idéal du Facteur Cheval, construit dans son propre salon avec des matériaux bon marché achetés au magasin de bricolage d’à-côté. La référence entre l’architecture réelle et simulée est constante. Le décor propose ainsi deux niveaux de lecture : l’un, purement décoratif, invite à contempler la minutie du travail et à s’émerveiller devant les détails décoratifs. L’autre, critique, destiné à mettre en avant la relation entre un matériau et son emploi et à réfléchir à notre mode de production. Le travail de l’artisan-architecte est remis en avant comme témoin d’un savoir et d’un plaisir de faire. Il vient en contrepied d’un système de construction fondé sur le profit et la rapidité d’exécution au détriment de l’art décoratif. La main de l’artisan réinvestit l’espace intérieur comme un terrain d’expression populaire.
Romain Joly & Lisa Bravi, France
MISTRALOU
Dans l’intimité d’une villa provençale, un vent fugace et espiègle, le mistral, s’invite discrètement dans la salle de lecture. Tel un souffle délicat, il glisse à travers les fenêtres entrebaillées, effleurant les murs et caressant le mobilier. Les parois matelassées semblent frémir à sa rencontre, comme si elles étaient sur le point de s’animer. À travers les fenêtres, on peut apercevoir des paysages agités, réveillés par le mistral. Au coeur de cette atmosphère délicate, le mobilier, façonné à partir de boutons enfilés, semble suspendu dans le temps. L’ancienne couche de tapisserie, jadis cachée derrière les murs réapparaît par endroits, comme un rappel des histoires anciennes que le mistral murmure à travers le temps. Ce vent, puissant et caractéristique de la région, devient ainsi le maître des lieux, modelant et sculptant un paysage de textile et de boutons.
Anaïs Fernon, France
À la fraîcheur de la situation
Ce matin de juin, au deuxième étage de l’ancien Évêché de Toulon, la petite pièce du fond, orientée plein Est, est frappée par le soleil méditerranéen. L’atmosphère sera bientôt brûlante. Dans l’alignement du couloir et de l’étroite rue Garibaldi, un léger courant d’air la traverse. Tout se joue à l’interface, la fenêtre. Le populaire rideau de perles provençal est ici réinventé. Deux couches de rideaux se succèdent. Le premier, une moustiquaire parefeu, est paré de pampilles d’aluminium miroir. Il renvoie les rayons directs vers l’extérieur et arrête tout nuisible. Le deuxième, formé de cordons de lin et de barrettes de terre cuite chaulées, est gorgé d’eau par goutte-à-goutte. L’air traversant se rafraîchit en douce brise au contact de l’eau. Sur les murs, le dégradé́ d’ocres donne à voir l’air chaud montant, et invite à se tenir près du sol en faïence émaillée. Il est agréable de se retrouver au coin de cette âtre d’eau. L’écoute du cliquetis de l’air et du clapotis de l’eau alimente l’idée de fraîcheur. Sans aucun doute, nous savons où nous sommes. Un intérieur situé. À l’opposé des pièces hermétiques conditionnées, la fenêtre est grande ouverte, les sensations connectées au site, matières et couleurs renvoient au territoire varois. Le décor n’est pas couches de fiction, mais épaisseurs qui amplifient la perception du réel. Loin de la narration d’un ailleurs meilleur, il est temps de rafraîchir le déjà-là.
Clément Rouvier, France
ON AIR
Dans ce berceau méditerranéen, où le soleil caresse infiniment la mer, s’éveille une pièce, un havre tissé de notes inspirées par des légendes qui ont autrefois foulé ces terres baignées de lumière. Inspiré par le passage mythique des Rolling Stones à la Villa Nellcote à Villefranche, ce projet transcende le temps, créant une toile sonore envoûtante de la magie de la côte azuréenne. Au coeur de ce paradis musical, un totem trône, gardien silencieux de mélodies antiques, exhalant lumière, vent et son, tissant des liens avec le mystique, rappelant l’obscurité où les Rolling Stones ont donné vie à l’emblématique « Exile On Main Street ». Dans ce coffre totem, émerge une composition florale aux allures de coiffures punk. Des fragments de brique pilée s’étirent humblement au pied de cette structure, d’où surgissent des guitares fossilisées, prêtes à ressusciter des trésors musicaux enfouis dans le temps. Au centre, un lithophone, reliquaire minéral de la Méditerranée, caresse des pierres bercées par les vagues. Sur cette structure même, façonnée avec des bambous teintés de l’ombre du cosmos, se dessine une silhouette organique, tel un être marchant vers la lumière. C’est une symphonie visuelle d’une connexion entre la terre et le ciel, où l’essence méditerranéenne s’anime, vibrant au rythme d’une présence animale s’avançant vers l’éclat. Des cymbales, étoiles filantes, capturent et reflètent la lumière, créant des éclats de magie dansants. Les murs, enduits d’un vert olive, deviennent une partition visuelle, une symphonie graphique où murmures du passé et notes du présent s’entrelacent en une harmonie intemporelle. Tel un sanctuaire, cet espace est un studio de musique en pleine métamorphose avec les aspérités méditerranéennes. Les différents instruments présents dans la pièce, nés des matières premières de ce littoral et d’objets glanés, attendent de pouvoir être joués. C’est une performance où ces objets se réunissent pour s’exprimer, cherchant une réciprocité tonale dans l’écho éternel de la Méditerranée.
Anaïs Fernon, France
À la fraîcheur de la situation
Un des lauréats du concours design objet (Hyères) ou architecture d’intérieur (Toulon), choisi en accord avec la Fondation Carmignac et les membres des jurys, sera invité lors d’une résidence à créer un objet en lien avec la philosophie du lieu.